Tularémie

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Cette lésion typique d’une tularémie ulcéro-glandulaire se situe sur la face externe de la cuisse d’une patiente qui s’est présenté aux urgences pour une fièvre intermittente depuis 2 semaines associée à de volumineuses adénopathies ipsilatérales.

La tularémie est une infection causée par Francisella tularensis dont le réservoir naturel est composé de rongeurs sauvages tels que le lapin, le lièvre ou l’écureuil. Tous les modes de transmission sont possibles après contact avec des animaux infectés (morsure ou griffure, consommation de viande ou d’eau contaminée, inhalation de particules infectieuses lors de la dispersion de foin) mais la transmission à l’homme en Suisse se fait principalement par morsure de tique qui a le rôle de vecteur. Cette zoonose dont la déclaration est obligatoire, est relativement rare en Suisse mais son incidence est en augmentation avec plus de 160 cas rapportés en 2024 (contre 13 cas en 2010). 

La maladie débute, après une période d’incubation de 3 à 6 jours, par des symptômes pseudo-grippaux tels que fièvre, frissons, céphalées et myalgies. Les autres manifestations dépendent du mode d’inoculation de la maladie. 

La tularémie ulcéro-glandulaire est la forme la plus fréquente en Suisse et se présente par une ulcération cutanée au point d’inoculation, accompagnée de volumineuses adénopathies douloureuses. La forme glandulaire ressemble à la forme ulcéro-glandulaire sans porte cutanée identifiée. La tularémie pulmonaire est la deuxième manifestation la plus courante en Suisse (20 à 30% des cas), acquise par inhalation ou secondairement par dissémination hématogène. La maladie se caractérise par une évolution souvent subaiguë associée à une perte pondérale, sudations et fièvre qui ne répond classiquement pas aux antibiotiques de type bêta-lactamine. Finalement, des formes pharyngées, oculo-glandulaires ou typhoïdes sont également décrites.

Le diagnostic en phase aiguë repose sur la PCR effectuée sur du matériel provenant de l’ulcération (analyse souvent sous traitée dans un laboratoire central). Il est possible de réaliser une sérologie mais qui ne se positivera qu’après environ 2 à 3 semaines, ce qui rend cet examen peu pertinent pour le diagnostic. La culture est quant à elle peu utilisée en raison de sa faible sensibilité et du risque de contamination pour le personnel de laboratoire. 

F. tularensis est naturellement résistante aux bêtalactamines. Le traitement recommandé chez l’adulte est, dans le contexte d’une maladie légère à modérée, une antibiothérapie orale par ciprofloxacine 500 à 750 mg 2x/​j pour 10 à 14 jours ou doxycycline 100 mg 2x/​jour pour 14 à 21 jours. Dans le contexte d’une maladie sévère, la gentamycine est à privilégier.

Image proposée par Matthieu Karakus (HIB Payerne)

Références