Une patiente de 75 ans, connue pour une insuffisance rénale chronique, se présente aux urgences pour une asthénie marquée et une dyspnée d’effort en péjoration. A son arrivée elle est bradycarde à 38/min. L’ECG montre un rythme d’échappement jonctionnel à 38/min avec des QRS fins et des ondes T amples sans troubles de la repolarisation.
Le bilan sanguin met en évidence une hyperkaliémie sévère à 7.8 mmol/L. La patiente est hémodialysée et l’ECG, après diminution de la kaliémie à 6.0 mmol/L, est présenté ci-dessous.

L’hyperkaliémie peut produire de multiples anomalies dans le cycle cardiaque et induire des images diverses et variées sur les ECG, ce qui lui vaut l’appellation de « ECG mimicker »
Action sur les oreillettes :
- Bradycardie
- Simulation d’une FA par réduction de l’amplitude de l’onde P ou rythme jonctionnel (comme dans l’ECG 1)
Action sur le nœud AV :
- Bloc auriculo-ventriculaire
- Bloc de branche fasciculaire
- Rythme à complexes larges imitant les rythmes ventriculaires
Blocage des canaux sodiques :
- Image de Brugada
- Image de STEMI
Modification du potentiel de membrane :
- Ondes T pointues (parfois indication d’une FC double à la FC réelle par les moniteurs)
Rythme stimulé :
- Echec de capture
- Elargissement des complexes stimulés
Les changements ECG ne sont pas corrélés au taux de potassium mesuré et l’instabilité hémodynamique peut survenir en cas d’hyperkaliémie même sans modification ECG.

Image proposée par le GHOL.
Références